Bonjour Henri, pouvez-vous nous dire qui vous êtes, en quelques mots ?

" Je suis vigneron en Charente, depuis 25 ans. J’ai fait des études de lettres et c’est donc tout naturellement que je suis devenu vigneron : l’amour de la culture !

Olivier Pucek, originaire de Bruay, m’a entrainé dans la création de ce terril viticole, soutenu et aidé par Gérard Foucault, le Maire d’Haillicourt.

J’ai tout de suite été emballé parce que c’était risqué, saugrenu. Alors cela avait tout pour me plaire ! Pensez donc… Faire pousser sur un terril du Pas-de-Calais, des vignes pour faire le premier vin d’ici. Alors j’ai dit oui, en disant tout de suite : ok, mais si c’est pour faire une vraie vigne, un vrai vin, sinon, je ne reste pas. L’aventure dure depuis maintenant presque 6 ans ; c’est vous dire si on a eu raison…

Je viens ici 5 à 6 fois par an, pour continuer à former Johan, employé à la mairie pour entretenir les 2 000 pieds de vignes, et bien sûr, dans les grands moments de vendanges et de pressage ".

Qu’est ce qu’il a de si particulier cet endroit, pour vous ?

" Tout ! D’abord, c’est un terril qui fume encore de gaz emprisonnés en son centre. La terre est plus pentue que n’importe quel vignoble, alors il faut être un peu dingue pour faire du vin ici. Pourtant, on a débroussaillé. On a planté ces vignes dans cette terre étrange, avec un ensoleillement faible et beaucoup trop de fraîcheur.

On a découvert que les vents tournants du terril étaient de notre côté, en freinant les maladies de la vigne. On a planté du Chardonnay, pour faire un vin blanc qu’on a appelé " CharBonnay ", pour ce pays du charbon."

Quel est votre endroit secret, celui que vous aimez particulièrement, un lieu qui vous parle plus que d’autres ?

" Bien sûr, j’aime les alignements géométriques quand on arrive de Bruay. Ces 30 ares, 2 000 pieds, bientôt 3 000. J’aime ces allers retours à dos d’hommes, pour construire le petit escalier en bois au centre des vignes.

Mais ce qui m’impressionne toujours le plus, c’est le sommet du terril. La vue sur les maisons d’ici, le bruit domestique qui monte... Les fumeroles (vapeurs sortant de terre) aussi, l’odeur du souffre quand il a plu, le cô­­­té lunaire d’un terril qui vit encore, en dedans, comme une trace ancienne et vivante de son histoire. Il nous a laissé y planter des vignes, cet « escargot » ! C’est une drôle de bête ".

J’ai tout de suite été emballé par la création de ce terril viticole. C’était risqué, saugrenu. Donc, cela avait tout pour me plaire !

Henri

Vous avez un souvenir, une image que vous pouvez nous raconter ?

" Sans hésiter, c’est le moment où je suis arrivé pour la première vendange. Depuis 3 semaines, j’étais tous les jours au téléphone pour qu’on me dise comment était la vigne, comment était le raisin : sa couleur, sa pourriture. Ici, ils ne savaient pas bien mettre les mots que je voulais entendre. Alors quand je suis arrivé tôt le matin, avant les autres, j’ai vu…

J’ai vu le raisin petit, concentré, doré. J’ai tout de suite senti que c’était bon, qu’on avait gagné. J’étais tout seul et j’ai crié de joie dans la vigne ! Crié, gueulé… Heureusement, j’étais tout seul, je me serais fait enfermer je crois… " (Rires)­­

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